Tennis

Serein mais pas tranquille

Roger Federer s'est qualifié sans surprise pour les quarts de finale de l'US Open, mais le numéro un mondial a dû s'employer face à un Feliciano Lopez des grands jours, particulièrement en verve au service (3-6, 6-4, 6-1, 6-4). Il rencontrera Andy Roddick au prochain tour. Auparavant, en ouverture de cette huitième ''night session'', Anna Chakvetadze n'avait fait qu'une bouchée de la jeune Tamira Paszek.
Roger Federer a commencé par subir le niveau de Lopez, avant de se lâcher.



Pendant un set et demi, son visage était fermé. Ses traits tirés. Ses volées poussives. Mais après... Après... Après, Roger Federer est redevenu le maître du monde. Aussi brillant que les bandes de satin sur son short noir. Aussi tranchant, aussi génial, aussi incroyable que... Stop. Les superlatifs pour qualifier le jeu du Suisse, il en existe en veux-tu, en voilà et il faudrait en inventer pour être vraiment précis dans la description. Alors, si pour changer, on chantait un peu la louange de son valeureux adversaire ? Car Feliciano Lopez a été énorme trois quart d'heure durant. Monstrueux au service (94% de réussite sur ses premiers services, 5 aces), régulièrement chronométré à plus de 210 km/h, en première comme en deuxième balle, l'Espagnol n'a pas été manche non plus à la volée et a rendu coup pour coup dans les batailles de revers à une main. Prenant tous les risques, il poussait le numéro un mondial, pas encore tout à fait réglé, à la faute. Résultat, il réussissait le break dès le quatrième jeu, au bout de douze minutes seulement. Et il tenait bon, sous les yeux d'un public médusé par le niveau du combat livré, pour remporter le premier set en vingt-quatre minutes. «Je me disais qu'il ne pouvait pas continuer à jouer aussi bien encore longtemps. Vraiment, je l'espérais», a d'ailleurs reconnu Federer après le match. Mais l'état de grâce de ''Feli'' durait encore vingt minutes, jusqu'à 4-4 dans le deuxième set. Jusqu'à ce que, deux jeux plus tard, il craque le premier. Il offrait le set à Federer sur une volée smashée finissant dans le filet. Cela faisait 1h02 seulement que le match avait commencé mais les deux hommes y avaient mis tellement d'intensité que la grosse horloge du court aurait tout aussi bien pu proclamer le double, tout le monde n'y aurait vu que du feu.


Un tout autre match commençait. En bon prédateur rompu à l'exercice, Roger Federer, pourtant un gentil garçon en-dehors du court, flairait le sang, s'accrochait à sa proie et ne la lâchait plus. Bien sûr, il y aurait encore quelques morceaux de bravoure de l'Espagnol, mais si peu, et surtout, si vains face à l'extraterrestre retrouvé. Fini, le doute avait totalement disparu du regard du Suisse. Et les bois avaient été remplacés par des passings de l'espace. Dès lors, Roger Federer allait remporter 35 points consécutifs sur son service. Une série interrompue seulement à deux points du match, conclu la minute d'après d'une volée de coup droit gagnante (3-6, 6-4, 6-1, 6-4). L'horloge marquait deux heures de jeu. Roger était essoufflé. Il avait brillamment repoussé les assauts d'un Lopez en état de grâce pendant deux sets et pouvait désormais penser à son futur quart de finale contre Andy Roddick. «Je voudrais tout d'abord dire que Feliciano a fantastiquement joué aux deux premiers sets, a tenu à souligner le numéro un mondial, c'était un vrai combat. Contre Andy, j'ai un record, c'est vrai (13-1 dans leurs tête-à-tête) mais ce n'est pas ça qui va m'aider. Dieu merci, les batailles que nous avons livrées l'un contre l'autre ont plutôt tourné en ma faveur, mais cela peut tout à fait changer.» Pour le coup, cela vaudra la peine d'aller voir la cote du match chez les bookmakers.

Sous les yeux de ''Guga''

En début de soirée, encore sous le choc de l'élimination en cinq sets de leur chouchou absolu James Blake, qu'ils avaient suivie sur les écrans géants puisque leurs tickets n'étaient valables que pour la night session, les spectateurs du Stadium Arthur Ashe avaient bien besoin d'un petit remontant. Lequel ne pouvait malheureusement pour eux se concrétiser autrement que par un arrêt au stand nourriture. Parce que côté tennis roboratif et riche en suspense, c'était plutôt la misère. Deux manières de résumer le huitième de finale du tableau féminin qui opposait Anna Chakvetadze à Tamira Paszek, fort logiquement remporté par la Russe (6-1, 7-5) en 1h18. La première consiste à dire que Chakvetadze a trop bien joué. La seconde que c'est Paszek qui n'en a pas mis une, paralysée par l'enjeu. On aurait pu demander son avis à ''Guga'' Kuerten, présent dans les tribunes car son ancien coach Lari Passos travaille avec Tamira Paszek, mais on préfère laisser la parole à la gagnante, Anna Chakvetadze qui, après avoir remporté le premier set en vingt-sept minutes, a dû s'employer un peu plus pour conclure. Première option : «J'ai perdu un peu de concentration parce qu'elle a fait appel au soigneur (entre les deux sets) et j'ai cru qu'elle allait abandonner, parce qu'elle ne se déplaçait pas bien, a avancé Anna Chakvetadze. Je pensais à 90% qu'elle allait arrêter et c'est pour cela que je me suis déconcentrée. Après, elle n'avait plus rien à perdre, elle a commencé à mieux jouer.» Seconde option, toujours résumée par la sixième mondiale : «J'étais très confiante parce que je savais que c'était une junior et qu'elle serait nerveuse. J'avais plus d'expérience qu'elle.» En nouvelle adepte de la zen attitude, puisqu'elle reconnaît avoir beaucoup travaillé pour garder son calme désormais, Anna Chakvetadze aura l'occasion de se mettre autrement à l'épreuve dès son quarts de finale. En face, l'attend Shahar Peer. Mais la Russe a prévenu, elle ne lâchera rien, cette fois.